Avec l'Ancrage : Bien plus qu'un panier
Publié le 20 octobre 2023
Ce vendredi, aux Moussaillons, l’une des annexes de l’Ancrage, on papote et on rit en partageant un café servi par Éric Sénécal. «Il faut bien que je me rende utile», plaisante le directeur. En réalité, ce jour-là, il a tenu à accueillir les bénéficiaires du «panier solidaire local».
Le concept a vu le jour il y a quelques années dans les Hauts-de-France. La MSA (Mutualité Sociale Agricole) l’a mis en place au profit de ses bénéficiaires dans un double but : trouver de nouveaux débouchés aux producteurs et donner à des foyers modestes l’accès à des produits variés, de saison et de qualité.
Depuis, le modèle fait école. La CAF de Seine-Maritime et la MSA l’ont développé. Sur le terrain, ce sont les structures locales, comme l’Ancrage, qui se chargent de composer les paniers après en avoir sélectionné les bénéficiaires, des foyers modestes, mais qui ne relèvent pas forcément de l’épicerie solidaire.
Au Tréport, la cheville ouvrière est Astrid Hagnéré. Animatrice de l’Ancrage, elle est aussi amoureuse des bons produits et son sens du partage n’est plus à prouver. «Nous savons que certaines familles ne s’autorisent pas l’accès au marché, faute de moyens financiers», regrette-t-elle. Astrid est donc allée à la rencontre de l’éleveur de poulets des Quesnets, du producteur de yaourts du Coudroy, de la maraîchère de Ponts-et-Marais et de quelques autres producteurs dont elle connaît bien la qualité du travail. Tous les quinze jours, elle compose les paniers.
Fruits, légumes, produits laitiers, viande, poisson, et parfois même chocolat, sont collectés au tout dernier moment pour garantir la fraîcheur et assemblés en colis.
Le travail est conséquent, mais Astrid est récompensée de ses efforts quand elle constate qu’elle fait mouche à chaque fois.
«Il y avait bien longtemps que je n’avais pas mangé un poulet aussi bon et ma fille s’est régalée avec les yaourts», se réjouit Laure, qui poursuit «c’est compliqué en ce moment» en évoquant à mots couverts une inflation galopante.
« Une deuxième maison »
Mélanie s’associe à ces propos. Avec trois enfants à nourrir, le quotidien n’est pas simple. «Nous sommes des foyers modestes. Alors avoir un panier aussi garni pour 4,5 euros quand on est cinq à la maison, c’est appréciable».
Le succès du concept repose en grande partie sur son financement : 10 % par les familles, le reste par la CAF et la MSA.
Tiphanie avait «entendu parler de ces paniers» et est «ravie de pouvoir en bénéficier. Tous les produits sont de qualité». Les nuggets maison qu’elle a pu proposer à toute sa famille ont d’ailleurs fait l’unanimité. Quant à Corinne, elle est aux anges : «J’adore cuisiner. En fonction des ingrédients, je choisis une recette dans l’un de mes livres. Mon fils mange de tout, mais ma fille est plus difficile. Pourtant, elle repart le lundi à l’université en emportant des plats maison», explique-t-elle.
Au moment de retirer le deuxième panier de la saison (il y en a six au total, distribués au rythme de un toutes les deux semaines), on échange sur la meilleure manière de valoriser les patates douces. Sucrées ou salées, les avis sont partagés. Mais ce qui fait l’unanimité, c’est ce qu’apporte l’Ancrage.
On ne vient pas ici seulement pour le contenu du panier. «L’Ancrage, c’est bien plus que ça. C’est une équipe à l’écoute de chacun. Pour beaucoup, c’est un peu comme une deuxième maison», assure Isabelle. Laure abonde : «on se sent comme chez nous. Que ce soit parmi les autres adhérents ou les animateurs, personne ne nous juge. Je suis comme éblouie par tant de bienveillance».
Avec une telle ambiance, on n’est pas étonné d’apprendre que les adhérents font des rencontres et que des amitiés se nouent au fil du temps, à la faveur des paniers, mais aussi des autres ateliers auxquels chacun est encouragé à participer.
Fleur, d’un naturel timide, y prend désormais volontiers la parole. Elle sait qu’elle peut compter sur un panier, mais aussi, et ce n’est pas le moins important, sur ses nouvelles amies.
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