Le Secours Populaire a besoin de dons
Publié le 23 octobre 2024
L’antenne tréportaise du Secours Populaire fait face à une demande croissante et n’est plus en mesure d’y répondre, faute de moyens. La Ville du Tréport et son CCAS lancent une collecte alimentaire du 4 au 8 novembre.
Quand elle est arrivée à l’antenne tréportaise il y a quatre ans pour rejoindre la petite équipe de bénévoles du Secours Populaire, Fabienne Bassot pensait faire de l’aide aux devoirs et à la rédaction de CV. « Mais en réalité, la demande se concentre sur l’aide alimentaire et elle a beaucoup augmenté. Depuis le Covid, j’ai vu la demande multipliée par trois », explique la bénévole. Dans le même temps, certaines aides, notamment provenant de surplus de l’Europe, ont baissé. « C’est le cas par exemple pour les plats cuisinés comme les raviolis », assure Roger Sauvage, un autre bénévole. « Dans nos achats, nous ne pouvons même plus nous permettre de prendre des produits d’hygiène, dont nous manquons pourtant, car nous nous concentrons sur l’essentiel : la nourriture », précise Mme Bassot.
Un partenariat CCAS – Secours Populaire
Face à ce constat, la Ville du Tréport, par le biais de son CCAS, a décidé de lancer un appel aux dons. « Le Secours Populaire est un partenaire de la Ville. Nous avons besoin de cette association et il nous semble normal de l’aider en mettant à disposition des locaux et des moyens techniques et humains quand c’est nécessaire, mais nous pouvons aussi mener des actions ponctuelles, comme cette collecte auprès de nos habitants qui est devenue indispensable », explique Laurent Jacques.
Jennifer Pilon-Roussel, travailleur social au CCAS, confirme : « En 2022, le CCAS a envoyé 37 demandes d’aide au Secours Populaire. En 2023, c’était 69. Pour 2024, nous en sommes déjà à 66 ». Dans les situations de précarité et d’urgence, le CCAS oriente en effet les personnes vers le Secours Populaire qui va aider par le biais d’un colis par mois pour une durée de 1 à 3 mois. Contrairement à d’autres associations, le Secours Populaire va accorder une aide directe au demandeur orienté par un travailleur social ou par une assistante sociale. Il n’y a ni dossier à remplir, ni longue attente pour des personnes précaires.
Café au lait et tartine pour seul repas
« Cette précarité me révolte. La misère s’installe dans un pays comme le nôtre alors que certains se gavent de dividendes. L’inflation est toujours là et les gens se restreignent sur la nourriture », indique le Maire en brandissant les résultats d’un récent sondage Ipsos : Un français sur trois peine à assurer trois repas convenables par jour.
Récemment, il s’est rendu chez une Tréportaise et cette rencontre l’a marqué : « Cette femme avait confectionné des crêpes en début de semaine et il lui en restait 2 pour assurer son dîner jusqu’en fin de semaine », raconte-t-il, dépité. Il se souvient aussi de « cette maman solo qui travaille et qui a supprimé la viande de ses repas pendant un temps parce qu’elle devait remplacer les baskets de son fils et qu’il fallait faire un choix ». Jennifer Pilon-Roussel n’est malheureusement pas surprise, elle qui a encore reçu la semaine dernière une personne « qui prend du café au lait et une tartine le matin, mais aussi le midi et le soir, sans rien d’autre ».
Cette situation d’extrême précarité est parfois durable, parfois plus ponctuelle. Le CCAS a récemment reçu la demande de veuves, qui perçoivent à titre personnel 300 ou 400 euros de retraite, mais dont la pension du conjoint leur permettait de vivre correctement. « Il faut 6 mois pour toucher la pension de réversion, parfois plus. Durant cette période, c’est forcément très difficile », explique-t-elle.
Tout le monde peut être concerné
« Là encore, c’est révélateur des pratiques du gouvernement. On supprime des postes de fonctionnaires et les délais s’allongent. Pire, au lieu de pouvoir rencontrer quelqu’un, pas loin de chez soi, pour monter son dossier de retraite et voir le suivi, on se retrouve seul avec son téléphone à entendre « tapez 1, tapez 2 » et à ne pas avoir de réponse. On aboutit à des situations insupportables qui conduisent les gens à venir dans nos mairies où nous faisons ce que nous pouvons pour les aider », indique Laurent Jacques qui précise également que « chacun doit avoir en tête que l’on peut vite basculer. Nous voyons des gens qui étaient dans des situations correctes et même plutôt confortables, se retrouver dans la précarité en quelques mois, suite à un décès, un licenciement, une séparation, un accident. Cela peut arriver à tout le monde. Il est donc important de faire preuve de générosité quand on le peut ».
La collecte est organisée en mairie du Tréport, du 4 au 8 novembre de 8 h 30 à 12 h et de 13 h 30 à 17 h. Un chariot sera installé dans le hall. Chacun peut y déposer des produits alimentaires de longue conservation ainsi que des produits d’hygiène.
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